Le sucre, la canne...
C'est aujourd'hui que démarre la campagne sucrière, que nous appelons ici "la coupe cannes"
Occupant plus de la moitié des surfaces cultivées de l'île, la canne joue un rôle décisif sur l'envirronnement en contribuant à protéger la terre contre l'érosion et en recyclant le CO2. La bagasse, résidu fibreux de la canne dont on a extrait le suc, brûlée par les deux centrales thermiques de l'île fournit 45% de la consommation électrique. Mais avant tout matière première du sucre et des produits dérivés que sont le rhum et le punch, la canne joue un rôle social important en mobilisant de juillet à décembre une main d'oeuvre conséquente. Si la coupe s'est beaucoup mécanisée ces dernières années, la coupe traditionnelle à la main se pratique toujours grâce aux reliefs tourmentés de l'île. Les coupeurs de cannes le sont souvent de père en fils et l'on peut dire qu'elle fait partie de notre vie à tous, ici à la Réunion....
"C'était un bon travail pour les jeunes" nous dit Isaïe (76 ans)
"Quand j’ai eu une dizaine d’années on m’a offert ma pioche, ma faucille et un grand couteau,
le moment de travailler était venu. Ma grand-mère m’a confié une vache à soigner et puis mon tonton aussi.
Je soignais les animaux de moitié, je vendais le lait et le premier petit était pour moi.
C’est comme ça que j’ai pu m’acheter une charrette.
Je tirais les cannes de Bérive pour les emmener à l’usine de Grand-Bois.
J’habitais à la Ligne Paradis, je me levais à trois heures du matin, pour pouvoir faire deux voyages.
Il faisait encore bien noir, j’allumais mon fanal qui signalait ma présence sur la route,
mon bœuf connaissait le chemin.
Dans ce temps-là on était tranquille, les gens se respectaient.
On était honnête, on avait le goût du travail.